La digitalisation booste la cote des ingénieurs dans l’audit

 

Des ingénieurs, il y en a toujours eu dans l’audit, mais à l’heure des systèmes d’information complexes et de la digitalisation des échanges, leur goût pour les sujets techniques, leur aisance face aux procédures sont plus que jamais des atouts.

Les cabinets d’audit ont toujours été friands de profils ingénieurs. Leur appétence pour les mathématiques, les raisonnements et les chiffres colle bien aux attendus des postes d’auditeurs « où il faut tester les procédures, ce qui demande d’entrer dans le système d’information des entreprises et concerne 50 % des missions d’un auditeur débutant », explique Victor Amselem, directeur général et associé en charge du développement du capital humain chez Grant Thornton France. Les ingénieurs ont davantage travaillé les sujets liés à la digitalisation que les profils écoles de commerce, ils se sentent dans leur élément dans les systèmes complexes, de plus, la manière dont les procédures sont organisées en entreprise et le cadre méthodologique de l’audit leur conviennent.

Leur connaissance métier ou sectorielle peut aussi leur donner un avantage. « Dans le cadre d’une mission de commissariat aux comptes ou d’accompagnement lors de fusions ou d’acquisitions par exemple, un ingénieur télécom qui audite des opérateurs télécoms à une valeur ajoutée, car il a une connaissance du secteur que n’aura pas d’emblée un profil école de commerce ou financier », note Sophie Joannes, manager Fed Finance ACE.

« Quand on s’est donné à fond dans une filière technique et qu’on est prêt à tourner la page parce que cette filière n’offre pas les opportunités d’emplois espérées, c’est que l’on est particulièrement motivé »

La motivation est un autre de leurs points forts. « Quand on a fait deux à trois ans de prépa Math sup/Math spé plus une école d’ingénieur, qui sont des cycles laborieux et intensifs, quand on s’est donné à fond dans une filière technique et qu’on est prêt à tourner la page parce que cette filière n’offre pas les opportunités d’emplois espérées, c’est que l’on est particulièrement motivé », souligne Victor Amselem.

Pas étonnant, donc, que ces profils séduisent les grands cabinets. Chez Grant Thornton, qui compte 1700 collaborateurs en France et plus de 42 000 dans le monde, « on les accueille, on les forme, on leur donne des opportunités de plan de carrière ; dans un monde où règne l’absence de visibilité, où ils sont ballotés de stage en stage, les jeunes diplômés sont très sensibles à cela ». Ce cabinet propose aux ingénieurs débutants dans l’audit un programme de formation spécifique de cinq à dix jours qui vise à leur donner les connaissances académiques en finance, juridique, comptabilité et fiscalité qu’ils n’ont pas acquise au cours de leur cursus. Pendant deux ans, ils sont accompagnés et profitent régulièrement de breaks de formations. « Le but de ce programme est d’éviter les écueils de l’intégration. Autrefois, on se formait sur le terrain, ce qui rendait l’intégration difficile et douloureuse », poursuit Victor Amselem.

 

Une porte d’entrée vers le conseil

Les jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs (notamment Polytechnique, Ponts et chaussées, Mines, Supélec, ISAE-Supaéro) ont par ailleurs compris que l’audit peut être une porte d’entrée vers des missions de conseil. « Dans ce cadre, ils travailleront sur des matières qu’ils aimaient à la base et seront en contact, au sein des entreprises, avec des interlocuteurs qui parlent le même langage qu’eux », ajoute-t-il. Le conseil en stratégie financière, le conseil en organisation ou encore en management opérationnel (transformation des organisations, risk management et IT services sur des sujets de cyber criminalité et de cyber défense) sont des domaines qui attirent ces profils.

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